Je laisse à l'abandon
Les dix commandements
Chantée par Yokébed (Anne Warin) et Bithia (Lisbet Guldbaek)
Elle regardait son bébé droit dans les yeux. Comment pourrait-elle faire ça et comment ne pourrait-elle pas le faire ? Etre clone lui interdisait formellement d’avoir un enfant c’était la règle 36. Elle l’avait toujours su mais devant l’injustice de cette loi elle l’avait gardé cet enfant, pour elle, et non pour l’autre à qui elle devait le donner, son bébé qu’elle avait porté pendant 9 mois. Ces 9 mois durant lesquels elle avait bien réfléchis à ses actes. Et pour sur elle avait eu besoin de beaucoup de détermination.
Je laisse à l’abandon
Cet amour que j’ai porté
Voulu au plus profond
A-t-on vraiment le choix
Quand on nous coupe les bras
Une jeune fille l’observait de loin, elle avait arrêté son jogging pour observer la scène. Une scène assez étrange par ailleurs. Celle d’une jeune femme en train de serrer dans ses bras un couffin, d’où elle pouvait apercevoir deux petits bras sortir. Une scène plus que touchante et troublante. Des larmes coulaient sur les joues de la jeune mère. Elle s’apprêtait à déposer l’enfant dans son couffin sur le banc mais arrêta son geste. L’adolescente eu peur de comprendre.
Tu laisses à l’abandon
Par amour et par raison
Des milliers d’espérance
Aux portes de l’absence
Comme un merveilleux don
Pourquoi devait-elle faire ça ? Parce qu’elle était clone et que son statut ne lui autorisait pas le droit d’être mère ? Elle méritait mieux… Des larmes continuaient de couler sur ses joues. Elle avait réussi à s’enfuir mais sa course s’arrêtait ici. Ce qu’il lui arriverait après lui importait peu. Comment avait-elle pu être aussi naïve pour croire qu’elle pourrait vivre une vie normale. Elle était une mère porteuse mais elle refusait de “donner” son enfant à cette autre femme. Il vivrait.
Voir une main qui se tend, quelqu’un à suivre
Et quelque part, un fleuve quand on dérive
Ô quand une raison de vivre
Vaut bien des raisons, bien des défis
Même s’il faut vivre avec ce poids
Même s’il faut vivre que pour ça
Tu vivras
Tu vivras
Elle avait été inséminée de force, après tout, elle était une jeune clone de 28 ans, en tant que clone elle devait se plier au bon vouloir de l’acquéreur. Entre autre, il s’agissait d’une chanteuse assez friquée pour se permettre d’avoir un clone et en plus de lui faire porter son enfant pour s’éviter des mois de grossesse fatigants. Sauf que lorsque l’opportunité s’était montrée, elle n’avait pas hésité une seule seconde, elle était partie avec son enfant, son bébé qui deux jours plus tard ne lui aurait plus appartenu.
Je laisse à l’abandon
Avec toi tous mes espoirs
Qui me restaient à croire
Et te voir t’en aller
Est la pire des prisons
La jeune femme continuait de pleurer, ses larmes coulaient sans s’arrêter, elle n’arrivait plus à retenir sa peine. Il avait à peine trois semaines, pourquoi devait-elle l’abandonner ? La réponse était simple, que ferait-elle lorsque l’allaitement serait fini, lorsqu’il réclamerait son biberon et qu’elle n’aurait même pas de quoi se nourrir elle ? L’adolescente restait toujours immobile à l’abri du peuplier en train de la contempler. Que pouvait bien faire cette jeune mère au milieu d’un parc inanimé en train de pleurer ?
Tu laisses à l’abandon
Au prix de milles souffrances
Ton rêve sans défense
Pour l’effrayant silence
Des instants qui s’en vont
Elle dépose la couffin sur le banc, à l’ombre d’un cerisier fleur, elle essuya ses larmes et commença à chanter une petite berceuse qu’elle avait pris l’habitude de lui chanter depuis quelques jours, puis déposa un dernier baiser sur le front de son bébé. Elle recula de quelques pas, souffla calmement et commença à avancer dans le sentier, chaque nouveau pas était une nouvelle douleur qui ne put que s’accentuer avec les cris du nouveau né. Le plus sereinement possible, elle s’éloigna.
Voir une main qui se tend, quelqu’un à suivre
Et quelque part, un fleuve quand on dérive
Quand une raison de vivre
Vaut bien des raisons, bien des défis
Même s’il faut vivre avec ce poids
Même s’il faut vivre que pour ça
L’adolescente s’approcha du banc. Elle se pencha au dessus du couffin, observa l’enfant et jeta un rapide coup d’œil en direction du petit sentier d’où venait de repartir la jeune femme. Elle ne pouvait plus faire marche arrière maintenant, rattraper la mère n’était pas une bonne idée, la séparation paraissait déjà assez difficile. Partir en faisant semblant de n’avoir rien vu était pire et cela ne ressembler pas à son tempérament. Déterminée elle leva le coufin jusqu’à elle et murmura …
Il vivra
Il vivra